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La vie autrefois :  Mémoires d’un jeune des années 50

 

    Les activités de la plupart des jeunes, garçons et filles, après avoir passé leur Certificat d’Etudes Primaires, restaient à la ferme de leurs parents.

     Le CEP, nous le passions à 14 ans au chef-lieu de canton, ceux qui étaient reçus avaient un prix de l’école, payé par la commune. Pour mon compte, un livre des œuvres de V. Hugo me fut attribué. A cette occasion, les parents achetaient le plus souvent un vélo pour récompenser l’élève.

     Les jeunes hommes aidaient à la ferme, d’autres prenaient des cours 1 à 2 fois par semaine sur l’agriculture de 14 à 16 ans à St Julien l’Ars pour obtenir un CAP. Les jeunes filles, elles, participaient aux travaux ménagers, allaient aux champs garder les animaux. Certaines continuaient leurs études en apprentissage, à l’école ménagère de la Brunetterie tenue par les Sœurs à l’époque ; elles apprenaient la couture, la cuisine, les emplois de bureau, l’histoire. Au bout de trois ans, ces cours étaient clos par un CAP. Il y avait aussi une préparation au concours d’entrée à l’école d’auxiliaires puéricultrices. Peu de jeunes allaient aux études secondaires à Poitiers. Il n’y avait pas de sports, pas d’associations, la commune de Sèvres comptait à peine 500 habitants en 1953.

    Les jeunes hommes, dans la ferme de leurs parents, travaillaient tous les jours de la semaine sauf le dimanche, jour de repos, encore que le dimanche soir il fallait donner un coup de main pour panser les animaux et faire la traite des vaches. Le dimanche on se rencontrait entre copains, nous faisions du vélo dans les communes environnantes.

    A Sèvres, il y avait deux cafés, le café Robert (puis Mignot à partir de 1949) et le café Girard. Le premier était surtout pour les anciens, qui jouaient à la belote ou à la manille le dimanche après-midi. Nous, le matin ou l’après-midi, nous allions jouer au baby-foot chez Girard à quatre ou à deux ; ceux qui perdaient payaient la tournée de blanc ou rouge limonade, car c’était le moins cher. Au café Mignot l’installation, un peu plus tard, d’un billard permettait aussi de se rencontrer, l’ambiance était bonne. L’hiver en semaine nous allions aux veillées très souvent car les nuits étaient longues, il n’y avait pas de télévision. On allait tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, on se racontait des histoires, on cassait des noix pour faire de l’huile ou bien on triait des pois (des haricots blancs), d’autres enfilaient du tabac, tout ça avec des crêpes ou des beignets accompagnés de cidre ou de vin. On se couchait assez tard, ce qui n’empêchait pas de se lever tôt le matin pour les divers travaux de la ferme. Le soir, il y avait la radio ; on l’écoutait lorsqu’on était à table.

     En 1942-1947, une activité majeure se développa : le théâtre. Elle avait lieu dans trois endroits différents : le premier, dans la grange de M. Gaillard, organisé par le prêtre de la commune, l’abbé Dezanneau. Le deuxième dans la grande demeure du Petit Breuil qui jouxte la place du bourg et qui appartenait à l’évêché. Plusieurs années de suite, nous avons fait les répétitions et le spectacle dans la grande salle du rez-de-chaussée, sous le patronage de Melle de la Porte. Quelquefois il y avait des séances de cinéma dans cette salle.

     Mais en 1956 une association se crée à l’école publique et se nomme Coopérative Scolaire et Postscolaire, avec un écusson. Puis une troupe théâtrale se crée avec les anciens élèves, organisée par Mme Texier, institutrice, et son mari. Je me souviens avoir joué « Le Médecin Malgré Lui » et « La Jalousie du Barbouillé » de Molière et bien d’autres. En 1957, voyage de la troupe en Auvergne pour deux jours. Par la suite, d’autres voyages sont organisés à la mer et à la montagne, certains les découvriront pour la première fois.

     Un peu plus vieux dans l’âge, vers 17-18 ans, le dimanche nous nous rendions au bal, à vélo ou à Mobylette. Il y avait souvent dans le canton une assemblée, comme le bal des chasseurs, des laboureurs, du cyclisme ou du 14 juillet. A Sèvres, le parquet se montait devant la mairie. La foire d’Anxaumont était aussi très attendue, c’était une grande fête avec un bal. Pour le carnaval, on se déguisait, cela durait la journée et la nuit. Mais l’été, pas ou peu de vacances, il y avait les moissons puis les batteries.

 

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Les conscrits

    Puis venait pour les garçons le conseil de révision, vers l’âge de 19 ans. Ce conseil était chargé d’étudier par un examen médical l’aptitude physique des conscrits au service militaire. Une inscription était faite tous les ans sur les rôles militaires des jeunes gens ayant atteint l’âge du service national.

     Cela se passait dans les locaux de la mairie de St Julien l’Ars. A l’annonce des résultats, ceux qui étaient aptes étaient fiers, et la coutume était d’arroser ça ensuite pendant plusieurs jours avec des copains. Alors un groupe se constituait, nous étions cinq de Sèvres et trois de Jardres, des insignes nous étaient proposés pour accrocher aux vestons. Sur ces insignes étaient mentionnés « Bon pour le service » ou « Bon pour les filles » ; il y avait des rosaces, un ruban bleu-blanc-rouge, le drapeau national. Nous allions dans chaque famille de conscrit, dans plusieurs communes, nous couchions n’importe où, même dans la paille, cela durait une semaine ! Bien sûr, on rencontrait des filles, c’était aussi le but. On avait des clairons, des trompettes pour avertir de notre passage et tout ça en vélo. Nous faisions quelques bêtises sans grande conséquence, par exemple on déplaçait un matériel agricole que le propriétaire cherchait par la suite. Un jour, on a même accroché une charrue dans un arbre ! Quand ils nous voyaient, les gens disaient : « Voilà les conscrits. Entrez donc, vous prendrez bien quelque chose ! » Mais il y avait un problème, les parents souvent n’étaient pas très contents. Ils savaient bien qu’il fallait que cela se fasse, mais le travail à la ferme ne se faisait pas, alors quelquefois des pères venaient chercher leur fils, pour lui la fête s’arrêtait là…

    Nos péripéties ont duré cinq à six jours. Un an après, nous avions vingt ans, l’âge d’être appelés au service militaire. Lorsqu’on avait passé le conseil de révision, on ne s’attendait pas à faire la guerre en Algérie pour une durée de vingt-huit mois !    

 

              Georges, un ancien de Sèvres