Le Patrimoine sadébrien
La vie autrefois : les VEILLEES
Ah ! les veillées d’autrefois !
Ces veillées avaient des buts différents : se distraire, « passer le temps » ou travailler et parfois les deux ensemble.
On « passait le temps » en jouant à la manille ou au marteau avec en guise d’enjeu des haricots secs ou des petits pois, rarement de l’argent. C’était l’affaire des hommes. Les femmes, quant à elles, aiguisaient leur langue en surveillant le feu de cheminée. Elles préparaient le vin chaud ou la tisane qui accompagnaient les crêpes ou la grimollée. En automne, le vin nouveau et la piquette faisaient oublier la lourdeur des châtaignes grillées.
A la lueur des lampes à pétrole, les femmes s’exerçaient à la couture, la broderie ou le tricot. Elles savaient manier l’aiguille à la perfection. C’est avec beaucoup de patience qu’elles initiaient les jeunes enfants, enfilant sans cesse l’aiguille, refaisant sans cesse le nœud, toutes choses que les petits doigts malhabiles et inexpérimentés ne pouvaient effectuer. Raccommoder restait l’activité principale des femmes lors des veillées. Chaussettes ajourées, blouses ou chemises aux coudes usés, pantalons aux genoux troués retrouvaient une seconde jeunesse. Ne rien gaspiller, toujours économiser !
La soirée pouvait également être l’occasion d’organiser le travail du lendemain. En effet, on se « donnait la main » pour toutes sortes d’activités. On se « prêtait main forte » pour les foins, les gerbes, les battages, la naissance des animaux. On échangeait le matériel. De tout cela, il fallait donc discuter.
Certaines veillées étaient programmées pour l’accomplissement de tâches particulières :
- Casser les noix pour en faire de l’huile.
- Confectionner des paniers en utilisant des matériaux puisés dans la nature : châtaignier et osier pour les plus robustes, ronce et chèvrefeuille rampant pour les plus fins.
- Enlever les feuilles qui recouvraient l’épi de maïs séché, travail fastidieux qui se terminait en sympathiques bagarres au milieu des énormes tas de déchets.
- Réaliser des cordes à partir des ficelles servant à lier les gerbes et ce, pour attacher les animaux.
- Fabriquer des cartouches. Comme le gibier était abondant et que la chasse était encore une manière de se nourrir, beaucoup de chasseurs étaient des agriculteurs. Par souci d’économie et d’efficacité, ils fabriquaient souvent leurs cartouches, pour le plus grand plaisir des enfants qui les aidaient dans cette tâche. C’était si amusant de mesurer la quantité de plomb et de tourner la manivelle pour fermer la cartouche et en arrondir le bord. Et puis, avec une telle préparation, le résultat de la chasse n’était-il pas assuré ?...
Les veillées étaient l’occasion de discussions passionnées sur la politique, la chasse, la guerre, les problèmes du moment. On parlait bien aussi un peu du voisin absent…Lors des anniversaires, il arrivait qu’on pousse la table et on se mettait à danser. Les échanges, le plaisir de se retrouver autour de mets simples, la bonne humeur, le travail accompli ensemble, faisaient de ces veillées des moments intenses de vie et de bonheur.
C’était « le bon temps » !