Le Patrimoine sadébrien
Histoire : NOMS DE LIEUX
Chiron des Trois Fusées
Récemment, le Service Communication du Conseil Général de la Vienne s’est intéressé à l’origine du nom de certains lieux-dits de plusieurs communes du département, notamment lorsque ce nom semble étrange. C’est le cas notamment pour le Chiron des Trois Fusées. Le Service Communication a mené son enquête... Mais, au fait, avez-vous une idée personnelle sur le sujet ?
A gauche, on peut voir une reproduction de la page 2 de « Vivre en Vienne » de février 2012, le bulletin du Conseil Général de la Vienne.
Sur le site Internet du Conseil Général, une vidéo rend compte de l’enquête qui a été menée. Pour la visionner, on peut cliquer sur le lien NOMS DE LIEUX ETRANGES qui, après quelques secondes de publicité, donne accès à la vidéo.
Noms de lieux
La toponymie recherche la signification des noms de lieux. Elle part du principe que chaque nom de lieu avait un sens précis au départ, mais que ce nom a été progressivement déformé au fil des siècles. Il s’agit donc d’essayer de retrouver le nom initial, qui donne la signification. Mais dans quelle langue ce nom était-il écrit : en patois local, en français du Moyen Age, en latin, dans la langue des Gaulois, voire même dans une langue préceltique ? Selon le choix qui est fait par les linguistes, on aboutit à des significations différentes. La toponymie n’est donc pas une science exacte.
ANXAUMONT : Selon certains auteurs, ce nom dérive du latin excelsus, qui signifie en hauteur, élevé. Selon d’autres, il provient du latin monte, qui désigne également une hauteur.
Le nom AVAILLES dérive du mot gaulois aballo, qui signifie pomme, et qui a donné aussi apple en anglais. On peut donc penser que ce lieu produisait beaucoup de pommes à l’époque pré-romaine. Il faut noter que le pommier était l’arbre sacré des Celtes.
BOIS VERGNAUD : Le mot d’origine gauloise VERGNE désigne un aulne, arbre qui pousse en milieu humide.
Les BORDES : Au Moyen Age, le mot borde désignait une métairie, c’est-à-dire un domaine agricole exploité par un métayer, qui remettait la moitié des récoltes au propriétaire.
Les BOUIGES : ce terme correspond à des terrains peu favorables à l’activité agricole.
Les BROUSSARDS : ce terme, très répandu en Poitou-Charentes, désigne un lieu broussailleux.
Chemin des BRUERES : le nom vient de BRUYERES.
Les CARTES : Ce toponyme pourrait venir du mot latin quatuor (quatre) et signifierait que ce lieu-dit est situé à quatre lieues d’une localité importante (Poitiers), sur une voie de passage. (La lieue gauloise valait 2 222 mètres). Mais il existe plusieurs autres étymologies possibles.
CHAMPS DU VILLIERS : Le toponyme villiers, ou villers, est systématiquement associé, en France, à la présence d’une ancienne villa gallo-romaine. C’est effectivement le cas ici.
Les CHIRONS : Un chiron désigne un tas de pierres.
Le CHIRON DES TROIS FUSEES : Un chiron est un tas de pierres. Quant aux fusées, il était courant au Moyen Age que les exploitants d’un domaine agricole s’acquittent chaque année de redevances en nature incluant par exemple un certain nombre de fusées de lin. Une fusée de lin était constituée d’un bâton sur lequel était enroulée une certaine quantité de fil de lin. (Voir la vidéo à ce sujet)
La CROIX DE L’AIGUIERE : une aiguière, du latin AQUA, eau, désignait autrefois un lieu humide où l’eau s’accumulait.
Les ESSEPPES : Dans l'ouest de la France, ce terme assez courant désigne deux pierres plantées à l'entrée d'un champ et au travers desquelles passent des barres de bois servant à fermer l'entrée.
La GRANDE ALLEE : le sens est clair.
LAVAUD s’écrivait d’abord « La Vaud » et signifie la vallée.
La MAISON NEUVE : il a dû y avoir autrefois une maison neuve !
MOULINS : Ce toponyme n’a rien à voir avec la présence d’un moulin. En fait, le château actuel a été construit en 1385 par Hugues de Mollens. Le nom s’est transformé d’abord en Mollins, puis Moulins.
La PELLETIERE : Un pelletier est un artisan qui pratique le travail de diverses peaux d’animaux, pour le cuir ou la fourrure.
Le PETIT BREUIL : Le mot breuil désigne un petit bois entouré de murs ou de haies, notamment un bois clôturé servant de réserve au gibier.
Le PETIT MEDOC fait référence à la culture de la vigne, autrefois fréquente dans la commune.
PEUMARTIN : La racine peu vient du latin podium, qui signifie petit pied ; on la trouve dans piédestal. Elle s’applique à tout terrain un tant soit peu élevé par rapport aux environs. Martin est un nom de personne.
Le PINIER fait référence au pin.
PIPOIRIER est une abréviation de « petit poirier ».
Le POMMERIOUX : ce mot désigne vraisemblablement un lieu planté de pommiers.
Les PONNEAUX, vient de PONNE, grande cuve de pierre ou de poterie pour faire la lessive.
La POTERIE : On peut penser qu’il y a eu ici une poterie autrefois.
SEVRES : Sèvres vient de Sadebria, dans lequel la racine gauloise briga désigne soit une hauteur, soit un lieu fortifié (donc une hauteur artificielle). Les linguistes s’accordent sur cette partie du mot, mais sont en désaccord sur son premier élément. Selon DAUZAT et ROSTAING, ce premier élément pourrait être un nom d’homme gaulois, soit Sadios, soit Satius.
Mais selon Patrick CUADRADO, qui s’appuie sur le Dictionnaire de la Langue Gauloise, de Xavier DELAMARRE, Sèvres signifierait la citadelle de l’abondance. Toutefois cette dernière étymologie n’est pas admise par la plupart des auteurs.
VALLEE DE L’AGEASSE : En patois local, le terme ageasse désigne une pie.
VALLEE FORGE : c’est sans doute un lieu où l’on a travaillé le fer autrefois.
VALLEE DES TOUCHES : En Poitou et dans plusieurs régions, le mot touche désigne un petit bois.
Références :
Article de R. Dupuis, paru dans La Nouvelle République en 1975.
Dictionnaire étymologique des noms de lieux en France, de DAUZAT et ROSTAING, Editions Guénégaud, 1963.
Origine des noms de villes et villages de la Vienne, de Jean-Marie CASSAGNE et Mariola KORSAK. Editions Jean-Michel Bordessoules, 2001.
Les noms de lieux en France, glossaire de termes dialectaux, d’André PEGORIER, IGN, 1963.
http://www.melegnano.net/celti/francel01s025.htm
: sur ce site, Patrick CUADRADO donne une étymologie de Sadebria.
L’article ci-dessus est tiré de Origine des Noms de Villes et Villages de la Vienne, de Jean-Marie CASSAGNE et Mariola KORSAK.