Le Patrimoine sadébrien
Le parcours militaire de Louis CHABANNE
Louis Stanislas Chabanne est né à Sèvres le 24 juillet 1882. Il était le fils de Louis Chabanne, agriculteur à Sèvres, et de Victorine JALLAIS, son épouse. Il a épousé Alphonsine GAUDIN en 1909 et ils ont eu deux enfants : Raoul, né en 1912 et Odette, née en 1914. Le père de Louis Stanislas exploitait une ferme de 55 hectares à Sèvres ; Il a été maire de la commune de 1908 à 1919. Jules Chabanne, l'unique frère de Louis Stanislas, a connu un destin tragique : marié en 1912, il a été retrouvé mort au fond d'un puits un mois après.
Louis Stanislas a effectué son service militaire (classe 1902) au 8e Régiment de Cuirassiers à Tours puis il est passé dans la réserve de l'armée active en 1906. La famille a conservé deux belles photos de lui dans son costume de cuirassier. Suite à une fracture du tibia gauche, il a été réformé en 1909, donc dégagé de toutes obligations militaires. En 1914, il avait 32 ans et habitait dans la ferme familiale, où il travaillait aux côtés de son père et de trois ouvriers agricoles.
L'armée française subit de lourdes pertes dès le début de la guerre et il fut nécessaire de trouver de nouveaux soldats. C'est ainsi que Louis Stanislas Chabanne passa devant un nouveau conseil de révision qui le déclara bon pour le service auxiliaire. Il quitta Sèvres pour Châtellerault le 20 mai 1915 pour être affecté au 32e Régiment d'Infanterie, au service de garde des voies de communication (GVC). Après le 32e R.I., Louis Stanislas passa au dépôt du 69e Régiment Territorial d'Infanterie, basé également à Châtellerault.
En mars 1916, il fut affecté au service automobile des armées et quitta le Poitou pour la région parisienne. La famille a conservé une bonne partie de son courrier, ce qui permet de connaître en détail ses diverses affectations. Il fut versé au 13e Régiment d'Artillerie (Service auto), basé à Sainte-Mesme, dans les Yvelines ; il faisait partie d'un groupe de 70 hommes qui suivaient une formation de conducteurs de véhicules militaires. Leur premier travail consista à créer des baraquements. Après cela, Louis reçut une formation de conducteur, aussi bien pour les camions que pour les voitures. Il regagna Paris en août 1916, à la fin du stage. Puis il fut affecté au 20e Escadron du Train des Equipages Militaires, basé à Versailles. Il rejoignit alors la "zone des armées", terme qui désignait une zone d'une centaine de kilomètres à l'arrière des tranchées. Il se retrouva en Champagne, où il conduisit des véhicules militaires à proximité du front. En août 1917, Louis Stanislas Chabanne reçut officiellement son certificat de capacité à conduire les véhicules militaires, mention poids lourds. Il quitta la Champagne en novembre 1917 et fut affecté au 9e Escadron du Train des Equipages Militaires (ETEM) rattaché au 9e Corps d'Armée, ce qui lui permit de revenir à Poitiers. Au cours de l'été 1918, il fut affecté à une section automobile rattachée au 125e R.I., basé à la caserne Rivaud à Poitiers.
Puis son courrier nous apprend qu'il fut hospitalisé en août 1918 à l'infirmerie du 125e R.I., puis à l'Hôtel-Dieu. Il est décédé le 27 octobre 1918 à l'hôpital mixte de Poitiers, des suites de la tuberculose. Il a été déclaré "Mort pour la France" et inhumé dans l'ancien cimetière de Sèvres.
Pendant toutes ces années de guerre, Louis Chabanne a envoyé de nombreuses cartes postales à sa famille, dans lesquelles il fait part de ses multiples déplacements. On notera qu'il écrit en très bon français ; il est vrai qu'il a suivi les cours pour adultes donnés par l'instituteur du village. De façon générale, il cherche à se montrer rassurant pour les siens. Il se plaint tout de même de la qualité médiocre de la nourriture. Il s'intéresse souvent dans son courrier à la marche de l'exploitation familiale. Il fait aussi des commentaires sur l'activité agricole des régions qu'il traverse, notamment les vignobles de Champagne. Comme il lit régulièrement les journaux, il fait aussi référence fréquemment à la situation nationale et internationale.
L'épouse de Louis Stanislas lui survécut jusqu'en 1944, mais leur fille Odette décéda des suites de la rougeole en 1919 ; leur seul enfant survivant fut Raoul. Le père de Louis Stanislas, qui s'appelait Louis Chabanne également, fut maire de Sèvres de 1908 à 1919. Il fut très affecté par le décès de son fils pendant la guerre, d'autant plus qu'il avait déjà perdu son autre fils, Jules, dans des circonstances dramatiques, puis sa petite-fille en 1919. Il refusa d'être maire à nouveau en 1919 mais resta conseiller municipal jusqu'en 1925.
Photo de Louis Stanislas Chabanne lors de son passage au 8° Régiment de Cuirassiers à Tours.
Véhicules militaires à Sainte-Mesme en 1916