Le Patrimoine sadébrien
Origine du nom : Borderie, métairie ; quantité de terre labourée par deux ou quatre bœufs à l’année.
Situation : Le village est situé à la limite des communes de Bignoux, Saint-Julien l’Ars et Lavoux, mais fait partie de la commune de Sèvres-Anxaumont.
Le village se compose de trois lieux-dits : La Tourette, les Grandes et Petites Bordes, la Cunaye.
Le fief des Bordes dépendait du Bois Doucet. Son existence est attestée avant l’an mil dans le cartulaire de St Cyprien. Il fut détruit au 17ème siècle, et reconstruit au 19ème.
Origine : Cette métairie, en 1700, était la propriété de Jean FUME, écuyer seigneur de la Roche. Puis nous voyons Louis LEROY, chirurgien à Poitiers.
En 1810 apparaissent les Demoiselles des Essarts du Tays, qui en font don au comte Louis de Lastic St Jal, lors de son mariage avec Henriette, Mary Hyde de Neuville en 1830.
Le comte de LASTIC- ST- JAL Louis, Céleste, Romain, 3ème fils de Jean, François, Charles et d’Ursule de la Toison de ROCHEBLANCHE, est né en 1803. Elève de St Cyr, il fit la campagne d’Alger en 1830 en qualité de lieutenant au 30ème de ligne. Il fut Chevalier de la Légion d’Honneur. Il fut maire de la commune de Sèvres de 1838 à 1852, puis de 1860 à 1870.
Le Comte Louis de Lastic-St-Jal épousa Hyde de NEUVILLE en 1833. De cette union, naquirent trois enfants : Paul, Guillaume et Jean. Deux enfants sont décédés dans leur jeune âge, il restera Jean Théodore Romain de Lastic St Jal, né aux Bordes le 1.08.1839. Il fut Chevalier de l’Ordre du Christ du Portugal. Il commanda les mobiles de la Vienne pendant le siège de Paris et reçut la Légion d’Honneur. En 1877 il sera admis au sein de la Société des Antiquaires de l’Ouest, à qui il fera don d’un jeton de la confrérie de l’Ave Maria de l’époque Henri II.
Comtesse Hyde de Neuville
La sériciculture
L’activité agricole de cette métairie était la sériciculture (élevage du ver à soie), développée dès 1747 par l’intendant Mr LENAIN, premier protecteur officiel en Poitou. Des sujets étaient distribués gratis aux personnes qui se livraient à l’éducation des vers à soie. Jusqu’en 1789, c’est une industrie languissante et peu profitable, quoique la soie poitevine fût de fort bonne qualité, car il y avait d’autres grandes implantations sur la route de Gençay, près de St Benoit, et sur celle de Parthenay près de Moulinet.
Les ouvriers journaliers travaillant pour la métairie logeaient dans les dépendances de la métairie et aux alentours. Les hommes travaillaient à la culture de la terre et à l’entretien des chevaux ; une pièce de terre de vingt hectares, entourée de murs, était réservée à la plantation du mûrier blanc servant à l’alimentation des vers à soie. Le travail des femmes consistait principalement à l’effeuillage des feuilles de mûrier.
Un corps de bâtiment sur deux étages, qui n’existe plus, était réservé à la production. Il abritait une chaufferie genre « chauffage central » et Louis Guillard qui habitait la Cunaye en était le responsable ; une température constante était nécessaire pour cet élevage et pour produire l’eau destinée à ébouillanter les chrysalides dans leurs cocons, facilitant ainsi le dévidage.
Mais le mûrier blanc est fragile car il pousse tôt en saison et jusqu’aux gelées. Un hiver plus rigoureux a gelé la plantation et ce fut la fin de l’activité. La métairie fut vendue en août 1869 et le comte Louis décéda en son château de Vouneuil-sous-Biard le 30 mai 1882.
Plan de la métairie et de ses dépendances
Le ver à soie
Le Bombyx du mûrier est un lépidoptère domestique originaire du nord de la Chine, élevé pour produire la soie. Le ver à soie est sa chenille. Le bombyx résulte de la sélection par élevage appelé sériciculture.
La femelle ne vole pas, elle a des ailes blanches ; le mâle est plus petit avec des ailes grises qu’il agite continuellement et des antennes très développées qui lui permettent de déceler l’odeur émise par la femelle.
Les œufs : Trois jours après la fécondation, la femelle pond de 300 à 700 œufs. Les œufs sont déjà entièrement développés quand la femelle est au stade de la chrysalide et ils sont prêts à être émis en une ponte unique au moment où l’adulte sort de la chrysalide.
Le ver : il brise la coquille de l’œuf ; ce ver a 16 pattes, 8 de chaque côté. Son corps se compose de dix anneaux ; sur les côtés sont 18 stigmates, organes de respiration de l’animal. Sa tête est écailleuse, sa mâchoire faite en scie verticale. Il est vorace, transpire beaucoup et croît à une très grande rapidité. Il mue 4 fois dans son existence.
A son dernier âge, le ver est mûr, il devient d’un blanc jaunâtre. Il cesse de manger et se vide ; Il ne contient plus que la soie. Il devient inquiet, s’agite, cherche à monter, choisit une place où il veut faire son cocon. Il l’attache et commence à faire sortir la soie par ses filières. La formation du cocon dure 4 à 5 jours. Lorsque le ver a construit son tombeau, le papillon naît, cherche à sortir. Au bout de quelques jours, il perce le cocon avec sa tête à l’aide d’une petite liqueur blanche.
Il faut 500 à 520 cocons pour faire 1 kg de soie.
Le mûrier Pour sa culture, il faut un bon sol. On fait des boutures au printemps, deux yeux en terre. Les boutures d’août sont transplantées au printemps suivant. Le mûrier demande un bon binage, on le recèpe tous les deux à trois ans. Il est taillé après la cueillette des feuilles pour faire aoûter le bois.
Le mûrier doit avoir 6 ans d’âge avant la première cueillette, le ramassage se fait à la main, de bas en haut, on se sert de sacs qui ont un cerceau à leur orifice pour les tenir ouverts. Les feuilles sont stockées dans un endroit frais et obscur. Les femmes chargées de la cueillette peuvent ramasser 46 kg par jour.
La nourriture de prédilection du bombyx est le mûrier blanc, mais cet arbre est trop tardif et précoce à la fois, il en résulte que les gelées le surprennent presque toujours, au printemps comme à l’automne.
Patrimoine bâti : Métairie des Bordes
Bombyx du mûrier. Ci-dessus, le papillon adulte / ci-dessous, le cocon.