Le Patrimoine sadébrien
Histoire : la Chapelle Saint Thomas le Martyr d’Anxaumont
Les textes anciens nous renvoient à plusieurs appellations : église d’Anxaumont, chapelle d’Anxaumont, chapelle Saint Thomas le Martyr d’Anxaumont. On peut se demander s’il y a eu plusieurs édifices religieux à Anxaumont, ou un seul avec plusieurs appellations.
Il faut noter tout d’abord que, jusqu’à la Révolution, Anxaumont était une paroisse et avait donc son église, dédiée à saint André. Ce n’est que lorsque la paroisse d’Anxaumont a été rattachée à celle de Sèvres que l’église est devenue chapelle, puis elle a cessé rapidement d’être un édifice religieux. L’appellation de chapelle ne peut donc pas s’appliquer à l’église d’Anxaumont avant la Révolution.
Divers documents conservés aux Archives Départementales de la Vienne font état de la Chapelle Saint Thomas le Martyr d’Anxaumont. Ils concernent des jugements portant sur le versement de rentes en argent ou en nature à la dite chapelle. Un passage de l’Histoire de la Cathédrale de Poitiers de l’Abbé Auber, parue en 1849, nous apprend qu’à la chapelle de la Sainte-Vierge de la cathédrale, dite Chapelle du Pardon, « est attachée l’une des trois chapellenies de Saint-Thomas le Martyr d’Anxaumont".
On peut en conclure que la chapelle Saint Thomas d’Anxaumont n’était pas un édifice religieux, mais une institution qui versait des revenus à l’église. C’est ce que l’on appelait à l’époque un bénéfice. Le Grand Larousse Encyclopédique définit le bénéfice comme « une entité juridique que l’autorité ecclésiastique compétente a constituée ou érigée à perpétuité, et qui comporte un office sacré à remplir, avec le droit de percevoir les revenus de la dotation attachés à l’office. »
Par ailleurs, il est intéressant de noter que ce n’est pas uniquement à Anxaumont que l’on trouve une chapelle Saint Thomas le Martyr. Ainsi, le Pouillé du Diocèse de Poitiers de Beauchet-Filleau, paru en 1868, indique que l’église Saint-Pierre, à Airvault, compte 17 chapelles, dont la chapelle « N° 15, de St Thomas ou St Thomas de Cantorbery, au château de Vernay, bénéfice claustrier, fondée par Broock de Vernay en expiation de sa participation au meurtre de St Thomas de Cantorbery ». Le meurtre auquel il est fait allusion ici est celui de Thomas Becket, chef de l’église d’Angleterre, en sa cathédrale de Canterbury en 1170, sur ordre du roi. Son culte se propagea très vite et il fut canonisé dès 1172. Le roi dut se soumettre à une pénitence publique et le tombeau de St Thomas devint le principal lieu de pèlerinage en Angleterre. On peut donc penser que des bénéfices furent créés en divers lieux pour honorer Saint Thomas. Ce fut sans doute le cas particulièrement dans notre région, le roi Henri II étant un Plantagenêt né et mort en France et marié à Aliénor d’Aquitaine.
Rappel : Henri II Plantagenêt régnait sur un territoire immense regroupant l'ensemble des Iles Britanniques et toute la façade occidentale de la France : Normandie, Anjou, Poitou et Aquitaine.